CREATION D'ENTREPRISE

En 2003, 294.000 entreprises ont vu le jour en France. Près de la moitié de ces créations l’ont été par des demandeurs d’emploi. La création d’entreprise s’adresse donc à tous. N’importe qui peut enregistrer sa société (cela coûte 1 euro !), obtenir un extrait K bis (document attestant l’existence juridique de la société), mais pour réussir… c’est autre chose.

Vous avez envie de créer votre propre entreprise ? C’est tout à fait possible, à condition que votre projet soit bien préparé, qu’il soit viable. Il apparaît ainsi que près de 6 millions de français déclarent mûrir un projet de création, mais moins de 1 sur 20 passe à l’acte. La cause ? Chaque étape qui jalonne la concrétisation d’un projet est l’occasion de défections. Afin de vous aider, nous allons vous détailler toutes les étapes, les pièges à éviter, les astuces, les financements, les consignes à suivre… Alors, peut-être ?…

L’idée de départ.

Vous rêvez d’être votre propre patron. Vous ne voulez plus avoir de compte à rendre à personne. Être indépendant ! Vous possédez les qualités du futur chef d’entreprise : du dynamisme, de la ténacité, une bonne résistance au stress, de la lucidité… et beaucoup d’enthousiasme. Vous vous sentez prêt à  prendre les rênes de votre propre entreprise… Mais pour monter quel type de société ? Quel service offrira-t-elle ? À quelle clientèle s’adressera-t-elle ?     

Vous y pensez depuis longtemps. Vous avez laissé mûrir peu à peu votre projet dans votre tête. Vous êtes de plus en plus convaincu que votre idée pourra vous faire vivre décemment. Vous avez sans doute raison. Il existe tellement d’idées, de services qui n’existent pas ou peu en France, des concepts qui ne demandent qu’à être développé… surtout, ne restez pas seul, isolé dans votre coin. Vous avez eu raison d’entretenir votre réseau (copains de promo, les forums, les cercles pro, les Organisations de rencontres entre chefs d’entreprise, …). Même si vous ne serez au final que votre seul patron, dès que vos idées seront claires sur votre projet, il est important de vous adresser à un conseiller. Votre entourage, vos amis, ce n’est pas suffisant. Il faut l’avis d’un pro. En effet, des statistiques montrent que 70% des entreprises qui ont fait appel à un conseil sont encore en activité 5 ans plus tard (au lieu de 58% pour ceux qui ne l’ont pas fait). Pour cela, il existe de nombreuses structures.

Quelques exemples innovant : salon de beauté pour hommes ou ado, relooking (coiffure, maquillage, vêtement), crèches privées, gardiennage de chiens ou chats, vidéo ou DVD de l’échographie, chasseur d’appartements, sapins de Noël livrés à domicile, de même pour les courses, fast-food bio, chefs-cuisinier à domicile, le bar-laverie… Réfléchissez : parfois, une pièce, un ordinateur, et un téléphone suffisent à développer une activité économique !

Votre projet. Participez à des sessions de sensibilisation à la création d’entreprise. L’ANPE, voire l’APEC, ou la CCI peuvent vous donner quelques dates. Profitez-en : la plupart de ces stages sont gratuits. Après que vous ayez pris conseils auprès de quelques professionnels (ou experts) qui vous auront aidé à mesurer vos chances de réussite, il vous faudra rédiger votre projet. Il faut le peaufiner car vous aurez à le présenter, à chacune des étapes de la création, à vos divers interlocuteurs (banquiers, comptables, futurs clients…).

Quoi mettre dans votre projet ? Celui-ci doit décrire le produit (ou le service), ainsi que le secteur d’activité visé. Ensuite, c’est à votre tour de vous décrire : âge, niveau d’étude, compétences en rapport avec le projet… Puis, vous devez afficher vos objectifs commerciaux, chiffrés à court et à long terme : le marché (faire une étude de marché pour affiner le concept et vous assurer de viabilité), la clientèle, la concurrence… Vous expliquerez ensuite les moyens utilisés : nombre de salariés, équipements nécessaires, locaux… Présentez également votre plan de financement et de trésorerie… Pour terminer, précisez les caractéristiques juridiques de votre entreprise.

Le financement de votre projet.

L’accueil que vous réservera votre banquier dépendra beaucoup de la qualité de votre projet. Ne vous découragez pas si vous avez l’impression que cela ne marchera pas après trois ou quatre refus. La banque qui acceptera votre projet est peut-être la cinquième banque ! Celle-ci, si elle croit en votre projet peut même vous octroyer un prêt, sans garantie, ni caution ! Certaines banques sont plus ouvertes aux artisans, d’autres aux industriels, d’autres aux professions libérales… Il faut également aller voir du côté de toutes les aides possibles, les concours, les prêts d’honneur, les dotations… Vous trouverez quelques adresses en encart.

Mais il ne faut pas se leurrer : financer un projet est difficile. Il peut arriver, si l’on n’y prend gare, que toutes nos économies fondent, le temps que le projet mûrisse. Et la plupart des banques sont méfiantes. Souvent, elles exigent des cautions personnelles très élevées.

La solution si on a peu de moyen et que l’on veut absolument devenir son propre patron ? Optez éventuellement pour un projet qui demande peu d’argent pour se lancer. C’est le cas des sociétés de services aux particuliers ou aux entreprises. Il suffit parfois de casser sa tirelire et d’emprunter à quelques amis.

Demandeur d’emploi : indemnisé ou non, et inscrit depuis au moins 6 mois au cours des 18 mois derniers mois, vous avez droit à l’Aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’une entreprise (ACCRE). Vous conservez votre couverture sociale et vos charges sociales sont différées pendant un an à compter du démarrage de votre société. De plus, pour monter votre projet, vous pouvez bénéficier d’un chéquier-conseil : chèques d’une valeur de 45,74€ l’unité, et dont le total peut monter jusqu’à 7.000€, pour avoir l’avis d’experts (avocat, juriste, notaire, comptable…). Si Rmiste, vous pouvez profiter en plus du dispositif Eden (cf. aides). De plus, comme les démarches que vous accomplissez dans le but de créer votre entreprise sont considérées comme des actes de recherche d’emploi, vous conservez vos allocations de chômage, à condition d’être toujours inscrit comme demandeur d’emploi. Une fois votre société en activité, vous pouvez cumuler en partie vos revenus avec vos allocations durant 18 mois. Une condition : que votre entreprise ne vous rapporte pas plus de 70% du salaire sur lequel votre allocation a été calculée.

Les locaux. Loués, achetés, construits… Tout dépend de la taille du porte-monnaie ! Demandez à vos amis, à la famille, à la mairie… Vous trouverez toujours un local à louer, ou bien un hangar. Pour certaines professions libérales qui ne demandent pas trop de surfaces et de machines, vous avez toujours la possibilité d’établir votre entreprise à votre domicile, mais pour 5 ans au maximum.

L’immatriculation de votre entreprise est facilitée, d’autant plus que l’ANPE accueille les créateurs d’entreprise à bras ouverts. Aujourd’hui, quarante-huit heures suffisent pour faire enregistrer les statuts de la nouvelle société, et 5 jours pour obtenir un extrait K-bis.

L’immatriculation s’effectue, selon votre activité, au sein de la Chambre de Commerce et d’Industrie, de la chambre des Métiers, ou de la Chambre d’Agriculture. Quelques fois, le récépissé de dépôt du dossier de création d’entreprise (RCE), délivré en principe en une journée, vous permet de débuter aussitôt votre activité…

Les astuces

Votre présence dans des salons professionnels sera toujours un bon moyen de vous faire connaître et de trouver des débouchés. Il est possible d’obtenir des aides à hauteur de 50% de la part de la Chambre des Métiers pour un premier salon. Si c’est un produit innovant, la participation à des concours est plutôt conseillée. Cela permet d'acquérir des subventions et des aides. Mais le plus important, lorsque l’on monte une entreprise, est certainement de s’entourer de conseillers professionnels (d’autres chefs d’entreprise, politiques, avocat, comptable…). Ils peuvent vous éviter de faux pas. À propos de politiques, il vaut mieux en soigner les relations car ils gèrent nombre de subventions, de concours, d’aides de toutes sortes.

Les pièges

Il faut faire attention à l’argent prêté trop facilement, car la note au final peut être plutôt salée. Il faut réfléchir, comme ne pas céder au premier financier venu, mais valoriser le plus possible l’entreprise avant de faire des investissements dans le capital. Bien-sûr, on est obligé à un moment ou un autre de sous-traiter certaines activités, comme la comptabilité, mais il faut aussi apprendre à se débrouiller seul. Le piège le plus important est certainement la trésorerie. Il faut de temps en temps surévaluer ses besoins, car en pleine croissance, les sorties d’argent sont tout aussi importantes... et lorsqu’il n’y a pas de croissance, c’est encore pire !


Quelques conseils

Il faut avoir l’esprit de décideur et savoir mettre en pratique toute les recettes théoriques. De nombreuses qualités doivent s’ajouter à celle-ci, notamment l’humilité : se remettre en cause, continuellement. Prendre garde aux dépenses reste également primordial.

Pour conclure, nous détaillons ci-dessous 10 conseils de bases :

Peaufinez votre projet. Vérifiez qu’il répond bien à un besoin. Quel emplacement ? Quels clients ? Quelles contraintes (matérielles, psychologiques…) peuvent vous freiner ?

Formez-vous en gestion. Chiffrez votre projet. Réalisez une simulation financière réaliste de vos charges.

Protégez votre création et votre marque.

Découvrez vos concurrents. Avec un maximum d’informations. Les études menées par les jeunes créateurs sont souvent trop succinctes.

Investissez-vous à plein temps. Si vous avez déjà un emploi : pensez au congé création d’entreprise.

Cherchez des investisseurs. Frappez à toutes les portes. L’une d’elles finira par s’ouvrir !

Évitez trop de cautions perso. Des fonds de garantie ou des sociétés de cautionnement peuvent se substituer à votre engagement.

Personnalisez votre projet. En le présentant, ne vous limitez pas aux seuls arguments financiers. Intéressez aussi vos éventuels investisseurs avec votre sensibilité.

Faites appel à des spécialistes. Même si cela coûte, les services de conseillers juridiques se révéleront au final très utile.

Démarrez à la bonne date. Évitez par exemple les périodes de vacances.

Créer, c’est prendre un risque, mais quelle satisfaction si ce risque débouche sur une réussite !