Le 22 août 2008, une cérémonie commémorative (la 64ème) de la Libération de Saint-Égrève avait lieu au monument au Morts de la Monta. En voici le déroulement :
- Gardes à vous !
trompettes - sonnerie ouverture de ban
- Repos ! Dépôts de gerbes. Une gerbe par Mme le Maire, et une gerbe par Féfé Rolland… Merci... Lecture du Manifeste.
- Tout d’abord, je voudrais remercier Monsieur le Curé qui a fait sonner les cloches… 64ème anniversaire de la libération du 22 août 2008. Le 22 août 1944, Saint-Égrève était libérée des troupes nazies allemandes, et de leurs valets, collaborateurs. Cela fait 64 ans. Nombreux participants à cette cérémonie n’étaient pas nés, et nous, anciens résistants, nous avions 64 ans de moins ! Aujourd’hui, les anciens résistants qui peuvent assister à cette cérémonie sont peu nombreux. On les compte sur les doigts d’une main. Nos amis, avec le concours indispensable du Conseil Municipal de Saint-Égrève, nous vous demandons, quant à nous, quand nous ne pourrons plus assumer nos devoirs de mémoire, de lutter contre l’oubli en perpétuant la cérémonie de la libération. Car des hommes et des femmes, résistants, résistantes, ont donné leur vie pour libérer le peuple de France des hordes nazies d’Hitler, et de leur valets de Pétain. Nous vous confions le devoir de mémoire envers eux et de toute la Résistance. Que serions-nous devenus sans eux ? Il y aurait eu bien-entendu le 8 mai 45, la Victoire des Alliés, américains, anglais et russes, mais sans la France. Notre pays, comme l’avait prévu les Alliés, anglais, américains, aurait été soumis à une grave occupation, c’est à dire une occupation et une administration alliée, la France n’étant pas libre. Grâce à la Résistance, et en particulier à la constitution du Conseil National de la Résistance (CNR) le 27 mai 1943 par Jean Moulin, les alliés ont été obligé de reconnaître la légitimité de Charles de Gaulle comme chef de toute la France libre, et de reconnaître la France comme 4ème Grand. On a fait un pas important. On est devenu quand même le quatrième Grand. Comme je le disais l’année dernière, avant le 22 août, les gens vivaient dans la peur et la faim. Ils avaient un mal vivre pour tous. Il y avait la crainte d’être pris comme otage et fusillé, ou déporté, pour l’exemple parfois, sans savoir pourquoi. Il y avait aussi la crainte d’être bombardé par l’aviation alliée, hélas, comme le 26 mai 1944 à la Buisserate, et à Saint-Égrève, et le 16 août 1944 à Pique-Pierre. Bombardements qui ont fait de nombreuses victimes.
A partir de juillet 44, les forces nazies n’osaient plus s’aventurer sur la route 75, ni sur la voie ferrée Lyon-Grenoble, Lyon-Valence. La résistance locale du 3ème Bataillon FTP avait la maîtrise de ces axes. Dans la nuit du 21 au 22 août 1944, les résistants du 3ème Bataillon FTP ont fait prisonniers les soldats allemands qui occupaient le barrage de la Porte de France. La voie était libre, libre pour rentrer dans Grenoble.
Tout à coup, le 22 août, au petit matin, les verts de gris avaient disparu, sans un coup de fusil. Grenoble et ses banlieues étaient libres. Mais avant de s’enfuir, les nazis faisaient encore de dernières exactions. Les américains qui avaient prévu 90 jours pour parvenir à Grenoble, sont arrivés en 8 jours, cette fin d’après-midi du 22 août 44, sans un coup de fusil. Pour eux-aussi, la Résistance leur avait ouvert la route.
Jeunes amis qui n’avaient pas vécu cette période noire de notre vie, rappelez-vous que la Libération a été un très grand moment de notre histoire… mais la Bataille n’était pas terminée... Ceux qui étaient cantonnés à Saint-Égrève sont appelés en renfort le 22 août à Voreppe, car une colonne ennemie tentait de rejoindre Grenoble. Devant la ténacité des résistants, de l’A.S. et des F.T.P., et l’arrivée des forces alliées, la colonne a fait demie-tour sur Bourgoin-Jallieu, après avoir commis, hélas, des actes de barbarie.
Les unités du 3ème Bataillon sont engagées aussi dans les combats de Gières où une colonne allemande fait un retour sur Grenoble. Après un combat avec les résistants aidés par les forces américaines, la colonne allemande se rendit. Cette bataille coûta la vie à plusieurs résistants.
Cette Guerre, déclarée en 1939, s’est transformée en Guerre des peuples du monde contre la Bête immonde qu’était le nazisme de Hitler, le fascisme à la française de Pétain, et le fascisme japonais. Même le peuple allemand a été arraché des griffes du nazisme où il s’était laissé entraîné.
Jeunes amis, jeunes élus, nous vous transmettons le flambeau de la Résistance et ses valeurs afin qu’elles ne périssent pas.
Je vous remercie.
- Merci Féfé Rolland. Mme le maire, s’il vous plait.
- Tout d’abord merci à Féfé Rolland de nous avoir rappelé, effectivement, ce qu’a été la Libération pour la France, pour les saint-égrévois. Et c’est vrai qu’en ce jour commémoratif de la Libération de Saint-Égrève, alors qu’ainsi vous l’avez dit que les acteurs ou les témoins de ces temps de sangs, de sueurs et de larmes voient leur rang se clairsemer, la question revient parfois, pourquoi conserver ces moments de souvenirs. Et bien, tout simplement, pour ne pas oublier…
Pour ne pas oublier le sacrifice de dévouement de Français souvent jeunes, d’alors, dévouements, sacrifices à la défense de leur Patrie et de leur Liberté. De Notre Patrie et de Notre Liberté !
Pour ne pas oublier aussi le sacrifice et le dévouement d’autres jeunes, souvent aussi très jeunes, venus d’autres continents, américains, canadiens, australiens… qui sont venus sur notre sol donner leur vie pour un idéal de Liberté, dans un pays qu’ils avaient parfois du mal à situer sur une carte mais qui était pour eux le pays de la Révolution française et des Droits de l’Homme.
Enfin, pour ne pas oublier, ici, les horreurs et les souffrances que tous conflits armés impliquent.
Afin que ce souvenir que nous devons garder vivant nous encourage toujours à chercher dans l’honneur avant tout la voie de la Paix et du respect à l’auto-détermination des Peuples.
En pensant à tous ces jeunes gens, disparus trop tôt, entre 1939 et 1945, voire 46. A leurs familles qui les avaient soutenus dans leur choix, et qui ont pleuré leur disparition, ici et ailleurs dans le monde. Je voudrais associer à ce moment de recueillement la mémoire des 10 soldats français qui, sur un autre sol, viennent de donner leur vie. Pour leurs prédécesseurs, d’alors, comme pour eux aujourd’hui, il faut rassurer Monsieur Rolland : « Nous n’oublierons pas ».
- Merci Madame le maire. Fermeture du ban
Trompettes.
- Gardes à vous !
Sonneries aux Morts.
Chant des Partisans.
Marseillaise.
Un dépôt de gerbes sera effectué ensuite au Carré Militaire.
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