HISTOIRE DE LA POSTE
à Saint-Egrève
Page en cours d'écriture
de nombreuses photos illustreront cette page
Fidèle à ses habitudes, lors de ses précédentes conférences, Monsieur Robert Mazard, de l’association « Histoire et Patrimoine Vence Neyron Cornillon » a intéressé un auditoire à chaque fois nombreux, en nous racontant, ce vendredi 21 novembre 2008, à la Maison de quartier de la Gare, l’histoire de la Poste à Saint-Égrève, depuis ses origines jusqu'à aujourd’hui. Cette conférence est retranscrite dans les lignes qui suivent, avec néanmoins quelques rajouts, de manière à apporter plus d’éléments concernant la Poste de Saint-Égrève, ou plus généralement au sujet de l’histoire postale.
L’histoire de la Poste à Saint-Égrève (1ère partie)
Un peu d'histoire :
La Poste est un service public européen, fier d’assumer ses différentes missions d’accessibilité, qui s’illustrent à travers le service universel postal, le transport et la distribution de la presse, l’aménagement du territoire et la lutte contre l’exclusion bancaire.
L’histoire de la Poste commence probablement avec le roi perse Cyrus qui, d’après Xénophon et Hérodote, avait installé vers 500 av. J-C des relais de chevaux sur les routes de son vaste empire. Plus près de nous, l’empereur Auguste crée pour tout le territoire romain, au Ier siècle av. J-C, le cursus publicus. La course publique consistait en un réseau de relais et d’hôtelleries qui permettait d’acheminer promptement les messages par des courriers.
Avec les invasions barbares, les postes entrent, au Moyen-Age, dans un long sommeil dont le roi Louis XI les tirera à la fin du XVème siècle. Le Moyen-Age est le temps des messageries particulières, celles des grands du royaume, des corps organisés comme les villes, les communautés religieuses ou les universités. Le souverain avait ses propres courriers. On les appelait les chevaucheurs de l’écurie du roi. Ils ne transportaient que la seule correspondance du monarque. Depuis au moins le XIIIème siècle, les universités avaient un service de messagerie utilisé par les étudiants et leurs familles. on distinguait les grands messagers, sortes de parrains qui subvenaient aux besoins des étudiants, des petits messagers qui eux se déplaçaient et apportaient des nouvelles aux familles. Ces petits messagers furent autorisés à se charger de la correspondance des particuliers. Ils dominèrent le commerce des lettres jusqu’à l’apparition de la poste aux lettres au début du XVIIème siècle.
En 1576, Henri III créa les messagers royaux, spécialisés dans le transport des sacs de procédure résultant de l’activité des tribunaux. Ces messages royaux, à ne pas confondre avec les messagers du roi attachés à son service personnel, acheminaient également les lettres des particuliers.
Il existait aussi des piétons et messagers employés par les villes. Les règlements édictés par la monarchie limitaient les droits de chacun, tant messagers de l’université que royaux ou autres usagers de la route. Mais les conflits nés de la concurrence de ces entreprises entre elles demeuraient nombreux. L’apparition de la poste aux lettres au début du XVIIème siècle ne fera qu’aviver les rivalités.
On appelle « poste aux lettres » cette administration dirigée par le surintendant général des postes qui comprend les directeurs des bureaux de poste et les courriers qui acheminent les dépêches d’un bureau à l’autre. Les directeurs encaissent le prix de la lettre qu’ils réclament au destinataire. Les courriers utilisent les relais de la poste aux chevaux, organisation qu’avait ressuscitée Louis XI vers 1477. Eux seuls -les courriers- parcourent toute la ligne et changent de chevaux à chaque relais. Ils sont accompagnés d’un postillon chargé de les guider jusqu’au relais suivant et de ramener les chevaux « à vide » à leur relais d’origine.
A l’époque de Louis XI, les relais de poste étaient distants de 7 lieues soit 28 km, d’où les fameuses bottes de 7 lieues qui inspirèrent Charles Perrault. Au XVIIIème siècle, la distance moyenne entre 2 relais est de 16 kilomètres.
Henri IV fixe par l’édit du 8 mai 1597 les grandes lignes de la Poste aux chevaux sur les grands axes de communications ainsi que la durée de la journée de travail entre 12 et 15 lieues par jour (soit entre 47 km et 63 km).
Une lettre expédiée de Paris met 2 jours et 8 heures pour atteindre Lyon, un peu plus de 4 jours pour Marseille. On comptait à cette époque environ 1400 relais de poste. En 1760, Piarron de Chamousset, un philanthrope, eut l’idée de créer à Paris une petite poste, c’est-à-dire un service de collecte et de distribution du courrier urbain. Le facteur de ville était né et le métier de facteur s’organisera véritablement à partir de cette date. A Paris, 200 facteurs agitaient leur claquoir pour avertir de leur passage et assuraient 3 distributions par jour. A la Révolution, les postes sont mises en régie et administrées directement par l'État.
En 1873, lorsque la poste aux chevaux disparaît au profit du transport par chemin de fer, il existait 54 lignes, puis en 1914, 175 lignes.
En 1879, l'administration des Télégraphes jusqu’alors sous tutelle du ministre de l’Intérieur, fusionne avec celles des postes.
Le métier de facteur
A Paris, sous Louis XV, 200 facteurs font trois distributions par jour. Ils utilisaient une crécelle ou un claquoir pour avertir le public de leur passage. Rapidement le service s’étoffe. Privilège des citadins, la distribution du courrier à domicile ne concernait pas des millions de ruraux. Il faut attendre la grande réforme postale de 1829 pour que bourgs et villages de France reçoivent la visite du facteur, d’abord tous les deux jours puis quotidiennement. Ils sont 5 000 en 1830 mais près de 23 000 en 1910. Pas un jour de repos pour ces facteurs rémunérés au kilomètre et qui parcourent en moyenne 27 kms par jour en 1877. C’est seulement en 1893 que les facteurs sont autorisés à prendre un jour de congé par mois. Qu'il vente ou qu’il neige, été comme hiver, le facteur marche par tous les temps.
L’utilisation de la bicyclette à la fin du XIXème siècle, puis de l’automobile dans les années cinquante, va soulager considérablement la tournée des facteurs que l’on appelle préposés depuis 1957. Ils sont aujourd’hui près de 84 000 à distribuer chaque jour 66 millions de lettres et de paquets.
Le timbre poste
Longtemps, le timbre a été considéré sans intérêt dans l'exécution du service. C´est pourquoi son emploi effectif et général n´apparaît en France qu'au 1er janvier 1849 avec le 20 centimes Cérès. Ce service existait déjà en Angleterre depuis le 6 mai 1840, avec le premier timbre-poste du monde: le «One-Penny-black». Par la facilité qu'il apporte aux échanges, il reste, tant en France qu'en Grande-Bretagne, l´un des facteurs prépondérants du développement et de l´extension de la Poste. L'invention du timbre-poste a été une révolution dans le système postal. Avant 1840, c'est habituellement le destinataire qui paye le coût de transport par les postes du pli qui lui est adressé, et à un prix très élevé. De ce fait, beaucoup de destinataires refusent les lettres trop coûteuses, tandis que des transporteurs privés à meilleur marché concurrencent indûment la poste.
Les facteurs à Saint-Égrève
Alors que les facteurs parisiens circulent à vélo, à Saint-Égrève, ils circulent pour la plupart à pied. Pourquoi ? Tout simplement parce que hormis la route nationale, la rue de la Gare, la rue de la Monta, toutes les autres n'étaient pas goudronnées. Et avec le genre de vélo de l'époque, il fallait être très sportif pour les utiliser. Le vélo était très solide. Il n'a ni frein, ni sonnette. Quand le vélo fut utilisé, le facteur attachait à l'arrière de celui-ci un fagot de bois qui avait pour utilité de le freiner lorsqu'il descendait de Mont Saint Martin ou de Proveysieux. Le facteur portait en bandoulière une caisse en bois sans laquelle il avait rangé le courrier. Il était vêtu d'une tenue bleue-nuit.
A cette époque, les facteurs, et presque tous les saint-égrévois connaissent toutes les rues. Le premier bureau de Poste fut construit dans la rue de Saint-Robert, à l'emplacement actuel du pressing. Au-dessus de bureau, se trouvait l'appartement de la receveuse, Mlle Marie Jouardet, (1880/90) qui avait succédé à sa mère qui le tenait déjà en 1860/65. Cette maison était louée par la famille Bourgeat. Ce bureau de Poste fut utilisé jusqu'en 1934. Avant qu'il ne soit ouvert, le bureau de Poste est à Grenoble. C'est de là qu'un facteur piéton vient jusqu'à Saint-Egrève où il transmet le courrier à un relais de facteurs qui desservent la commune. Mlle Galet succédera ensuite à Mlle Jouardet.
(à suivre)
sources :
conférence de M Robert Marzard du 21/11/2008,www.fr.wikipedia.org, www.lemuseedutimbre.com
L’histoire de la Poste à Saint-Égrève (2ème partie)
Le bureau de Poste de Saint Robert
Le premier bureau de Poste établi à Saint-Égrève se situait à l'emplacement actuel du pressing de la rue de Saint Robert. Ce bureau qui faisait un peu vieillot bénéficiait pourtant du télégraphe. En fait, le télégraphe a eu une longue histoire avec la municipalité de Saint-Égrève, parce que l'administration avait bien installé le télégraphe dans ce bureau de Poste, mais par contre le préfet avait demandé à la Mairie si elle était d'accord pour payer son installation. La Mairie avait répondu qu'elle ne voulait pas engager ces frais de mise en service parce qu'elle a déjà un bureau de télégraphe à la gare de Saint Robert, et que cela suffit amplement. Il faudra alors attendre bien après 1892 pour que la Municipalité accepte enfin son installation. Cela coûtera 480 francs, moitié pris en compte par la Mairie, et moitié par l'administration, à savoir qu'il faut payer en plus le porteur des télégrammes qui sera à charge de la Commune (300 francs par an).
Un peu plus tard, arrive également dans ce petit bureau qui ne paye pas de mine le téléphone. Au début, le téléphone va se développer très très lentement. En 1927, il y a seulement une vingtaine d'abonnés, ce qui est peu en regard de la population à Saint-Égrève à cette époque qui compte environ 6.000 habitants. Lorsque la Poste déménage en 1934, il y a 26 abonnés. Dans ces 26 abonnés, il fallait enlever les cabines téléphoniques (3 à Saint-Égrève et une à Proveysieux). Il faut remarquer que chaque abonné avait un fil. Pour cette raison, il y avait des rangées et des rangées de fils sur les poteaux.
Lorsqu'il y avait le tram, le courrier arrivait à la gare de Saint Robert, par cet intermédiaire, dans des sacs postaux. A cette époque, les facteurs de Saint-Égrève sont peu nombreux, trois ou quatre seulement, et ils distribuent le courrier à pied. Ils étaient encore 4 lorsque le bureau s'est installé au Pont-de-Vence. Au sujet du télégraphe, les facteurs avaient la possibilités de récupérer sur leur tournée les télégrammes à expédier. Le client devait remplir un formulaire et payer d'avance la communication. Sur Saint-Égrève, la distance maximum qu'un facteur pouvait parcourir à pied dans la journée était de 32 kilomètres, et 36 à vélo ! Ce qui ne faisait pas une grande différence à vrai dire ! Mais, cette distance se comprend si on considère que la plupart du temps le facteur devait pousser son vélo sur les nombreux chemins non goudronnés de la commune. Le facteur et le porteur de télégrammes étaient des personnages tout aussi importants l'un que l'autre. Afin de faciliter le logement des facteurs, un certain monsieur Guérin (dont le nom figure sur la liste des bienfaiteurs de la Commune à la Mairie) fait don de deux appartements situés rue de Saint Robert. Par ailleurs, c'est ce même monsieur qui fera don de l'horloge à la Mairie de la Monta… Par la suite, le téléphone prendra petit à petit de l’ampleur. En 1911, les trois moyens de communications sont réunis sous la dénomination PTT : Poste – Télégraphe et Téléphone. De nos jours, c’est simplement La Poste. Au sujet de ce premier bureau de Poste, on se rend compte en fait que c’est le seul bâtiment qui subsiste encore.
Le bureau de Poste du Pont-de-Vence
Lorsqu’il fut construit en 1931, la bonne nouvelle fut que le coût des travaux de construction furent moins élevés que ce qui était prévu au départ. Mais aussi, en cette année, les facteurs virent leur salaire diminuer de 2% pour les salaires les plus bas, et de 10% pour les plus élevés. Il n’y eu pas d’inauguration pour ce bureau de Poste. Habituellement, les pompiers, avec leurs lances à incendie, étaient le « fer de lance » de toutes les inaugurations. Les pompiers refusèrent, « avec l’accord » de la Municipalité, de procéder à cette inauguration parce que cela tombait le même jour que la fête des pompiers. De l’autre côté, le Maire de Saint-Égrève décide que la fête du canton Nord de Grenoble tombe aussi le même jour. Autrement dit, on célèbrera tout ce même jour, avec tous les élus et les personnalités de l’époque… L’arrivée de la Poste au Pont-de-Vence régla tous les problèmes rencontrés lorsqu’elle était rue de Saint Robert. Cette poste fonctionnera durant 35 ans environ, jusqu'en 1968, avec seulement 4 facteurs (aujourd'hui, il y a 24 facteurs !).
Ce petit bureau de Poste était situé juste en face de la Maison de l'Emploi et de l'Entreprise du Néron (MEEN), actuellement un parking, en bordure de la RN75. Sa construction date de 1931. Devenu trop petit, on avait prévu de le démolir et de le remplacer par une plus grande Poste. Cette habitation à un étage comprenait au rez-de-chaussée le bureau de poste, et à l’étage un appartement de fonction, celui de M. Robert Pelletier, receveur, de sa femme et ses trois enfants.
Sur le côté de la Poste, on trouvait un petit standard téléphonique qui a fonctionné jusque dans les années 55, car il fut déplacé pour être reconstruit en haut de la rue de la Contamine, derrière l'ancienne Poste. Ce petit « cube » téléphonique en béton, pas très haut, de trois mètres sur trois environ, a en fait été construit dans le jardin du receveur. Dedans travaillait un agent qui mettait en relation les personnes qui voulaient se parler. La Mairie avait le numéro 54, la cabine des Bonnais le numéro 23... Tous les numéros étaient à deux chiffres.
LA POSTE DANS LES ANNÉES 70
Quand la tournée du Fontanil fut créée ( c’est-à-dire rattachée à Saint-Égrève parce qu’avant elle était assurée par Voreppe), Antoine C. y était resté 3 ans avant de donner sa démission, juste quelques semaines avant l’explosion de la Poste. Comme les relations n’étaient pas des meilleures avec le receveur, il avoue que les autres facteurs le croisèrent par la suite avec un drôle de regard !
À cette époque, dans les années 70, il n’y avait sur Saint-Égrève que six tournées de facteur, chaque jour. Je ne gagnais pas beaucoup, environ 321 francs par mois. La paye, on la recevait en espèces, dans une enveloppe. J’habitais au Parc, à la Monta. Avec ces 332 francs, je payais 160 francs mon loyer, 220 francs en hiver à cause du chauffage. J’étais « agent non titulaire occasionnel » à Saint-Égrève. Je travaillais aussi à la Poste de Saint-Ismier, et à celle de Grenoble. Quand la tournée du Fontanil fut créée, c’est-à-dire rattachée à Saint-Égrève parce qu’avant elle était assurée par Voreppe, je suis donc resté trois ans sur cette tournée du Fontanil. Je délivrais le courrier uniquement sur le côté droit du Fontanil, depuis le bas de la rue de Saint Robert, jusqu’à la limite du Chevallon-de-Voreppe. Il y avait une deuxième tournée sur le Fontanil : tout le côté gauche de la Nationale. Lors de nos tournées, les facteurs, nous donnions de très nombreux mandats aux clients. Moi, je ne mettais aucun avis dans les boites. Je m’arrangeais toujours pour qu’aucun client ne se déplace à la Poste. En trois ans que je suis resté à la Poste, je n’ai jamais mis un seul avis dans les boites à lettres. Les gens étaient reconnaissants pour le service que je leur rendais. Parmi mes clients, j’avais même Joffre, un facteur à qui il manquait un bras. Il avait perdu ce bras à la guerre, et desservait Proveysieux en vélo ! Il y montait à vélo, en le poussant dans la montée… C’était un homme merveilleux. Après, quand il y eut la voiture, ce fut Brochier qui fit Proveysieux, mais aussi Quaix-en-Chartreuse et le Mont Saint-Martin. J’avais aussi comme client Magnin, un ancien maire, qui était minotier. Les clients se confiaient à moi. Ils me racontaient leur vie, et je me souviens encore de tout ce qu’ils me disaient. Ces gens cherchaient une sorte de réconfort.
J’avais une petite paye. Je faisais mes courses à la Monta. On me faisait crédit, et lorsque je touchais mon salaire, je réglais entièrement l’ardoise. C’était la misère… Pour vivre mieux, il me fallait évoluer. Je me rendais compte que je me levais tous les jours à 5 heures du matin, par tous les temps, qu’il pleuve ou qu’il neige, qu’il fasse chaud ou froid.
Le matin, le courrier et les paquets arrivaient. On faisait chacun le tri général. Puis, je procédais au tri de ma tournée. Je mettais tout cela dans une sacoche. J’avais acheté un vélo d’occasion à un certain Mérieux, un brocanteur vers la rue des Moutonnées, parce que la Poste ne nous donnait pas les vélos.
J’ai fait mes classes pour le service militaire à Blois, dans le Loir-et-Cher. J’avais connu un gars, en Algérie, un gradé. Faut préciser qu’en Algérie, on se tutoyait, puis une fois en France, on se vouvoyait… Il m’a dit, je vais t’envoyer dans une cuvée, à Besançon. J’ai donc fait 10 mois de service militaire à Besançon. Mais je ne m’y plaisais pas. Il y avait dans cette caserne des illuminés, enfin, faut dire qu’ils avaient une conception bien spéciale de la guerre. Pour eux, la seule technique valable était de tuer des gens. Moi, je venais avec un autre état d’esprit.
Quand je faisais ma tournée, et que j’allais à la limite du Chevallon-de-Voreppe, j’emmenais avec moi, quelques courses pour des gens qui ne pouvaient pas se déplacer. A cause de cela, j’ai reçu une lettre recommandée de la part du receveur de la Poste de Saint-Égrève. Il disait que ce que je faisais ne faisait pas partie des directives de la Poste, que ce n’était pas légal.
À l’époque, les gens donnaient des pourboires. Lorsque l’on apportait les mandats, on savait plus ou moins combien de pourboire, on allait recevoir. Et bien moi, je refusais les pourboires. Et en fin d’année, quand je faisais les calendriers, à chacun d’eux, on me donnait beaucoup plus. Il y avait une entreprise, dans les Iles, la P.I.B., une entreprise de peinture. Toute l’année, je leur apportais les mandats, les recommandés. Dans l’année, quand on voulait me donner un pourboire, je refusais en disant « non, cela fait partie de mon métier, d’apporter les mandats et les recommandés ». mais en fin d’année, quand j’apportais mon calendrier, je touchais beaucoup. C’est comme cela que le receveur m’a tiré dans les pattes. Il y avait un gars qui s’appelait Gaude. Marc Gaude. Il y avait aussi Michel Gaude, dit le merle car il sifflait tout le temps. Il est mort en 1993, et Marc en 1980. Ils buvaient comme des trous… Ils étaient dans le secteur de la Monta. Ils ne disaient pas combien ils gagnaient avec les calendriers. Moi, j’avais perdu une enveloppe avec les sous des calendriers. Une personne, sur ma tournée, l’a ramassée et la emmener à la Poste car il a cru que c’était à la Poste, en disant qu’il avait vu tomber cette enveloppe de la poche d’un facteur. J’ai été vraiment ennuyé parce que je présentais mes calendriers en même temps que je faisais ma tournée, et c’était soi-disant interdit. Le receveur m’a mis un « 442 », je crois, et m’a demandé de donner ma démission. Moi, de toute manière, je n’avais pas l’attention de rester à la Poste.
En même temps que la Poste, je prenais des cours en commercial.
Le receveur ouvrait mes lettres à la vapeur. Il décollait l’enveloppe, lisait ce qu’il y avait à l’intérieur, puis refermait l’enveloppe. Je m’en étais rendu compte parce que parfois il y avait de la colle qui débordait. C’est comme cela que j’ai su que mon courrier était ouvert.
Je prenais des cours de fonction commerciale. J’ai même réalisé une carte qui fut envoyée au syndicat des VRP de France.
Quand on terminait notre tournée, on se retrouvait entre facteur au bar de la rue des Moutonnées, un bar qui appartenait à un Monsieur Bonnet. On y cassait la croûte. On discutait. Il y avait bien entendu le bar du Pont-de-Vence, mais on préférait ne pas y aller parce que nos vélos étaient visibles depuis la route. Alors qu’aux Moutonnées, nous laissions nos vélos derrière. Il y avait une bonne ambiance. Cependant, je savais au fond de moi que je n’allais pas rester à la Poste.
J’ai fait aussi d’autres tournées. À cette époque, je prenais des cours de conduite à l’auto-école Colonel. Lui, on l’a retrouvé pendu. Il avait des problèmes avec sa femme qui était propriétaire de l’auto-école. Quand je donnais le courrier, elle cherchait tout le temps à avoir des relations avec moi. J’avais une vingtaine d’années, je sortais de l’armée, les cheveux encore coupés à la brosse.
J’emportais avec moi les paquets des clients, souvent une dizaine de colis attachés autour du vélo avec de la ficelle. Je terminais tous les jours à 15h00 en commençant à 6h30. j’étais payé 332 francs pour cela, équivalent aujourd’hui à 1000 euros. C’est bien peu.
Quand j’ai présenté le concours pour être titulaire, le jour même du concours, cela ne m’intéressait plus. L’ambiance à la Poste n’était pas familiale.
Le principal dans la vie, c’est l’intelligence, l’honnêteté. Et surtout, savoir ce que l’on veut. Il y a des évolutions. On peut gagner dans certaines entreprises dix fois ce que vous gagnez à la Poste. La Poste n’a jamais bien payé. L’évolution est quasiment inexistante.
Pour revenir à la Poste, je n’ai conservé que des souvenirs d’amitié de la part des facteurs. Mais le receveur mettait une mauvaise ambiance. Un receveur formidable, c’était le receveur des postes de Saint-Ismier, un gars du midi.
Notre receveur faisait travailler sa femme à la Poste dans le tri. Elle n’était pas payée. Il se reposait sur elle. On recevait de temps en temps des primes des PTT. Je me souviens, on avait fait une grève nationale pour l’amélioration des conditions de travail. On demandait entre autres le treizième mois. Un jour ou l’autre, il n’y aura plus de facteur titulaire en France, car cela leur coûte plus cher que les contractuels. Quand j’avais signé mon contrat, il y était noté la possibilité de 90 jours maximums de maladie par an. Cela m’avait choqué de voir cela. On m’avait répondu que j’avais droit à 90 jours de maladie payée par an.
En France, on a bien 50 ans de retard par rapport aux autres pays. En Italie par exemple. Il y a un responsable qui appelle les clients pour leur dire qu’une lettre les attend à la Poste. Mais lui n’apporte pas le courrier. C’est ce qui va arriver en France dans quelques années : les gens viendront à la Poste chercher leur courrier. Ils ont déjà réussi à arrêter le paiement des mandats à domicile, en disant aux gens d’ouvrir des comptes épargne. Ils ont fait le test dans un petit village d’Italie de 800 habitants, et cela marche très bien. Les gens sont contents parce qu’ils rencontrent en venant à la Poste toujours quelqu’un pour raconter leurs soucis.
(Interview réalisée en avril 2008)
Le bureau de Poste du Pont-de-Vence sera victime d'une explosion le vendredi 26 janvier 1968, vers 22h00… Les Jeux Olympiques allaient avoir lieu en février... Cette nuit-là, une formidable explosion détruisit la Poste. Quelques secondes plus tard, de grandes flammes envahissaient les décombres, empêchant toute approche des pompiers. Quand elle explosa (heureusement la nuit, à une heure où elle était fermée), il ne resta qu’un énorme tas de décombres. De très nombreux habitants du « Châtelet » (un groupe d’immeubles situé face à la Poste) en conservent un souvenir traumatisant. Les sauveteurs ne purent s’approcher à cause des flammes, et du risque d’autres explosions. On pouvait observer 5 ou 6 véhicules de secours, des ambulances, un camion-grue, plusieurs dizaines de pompiers, une dizaine de gendarmes. Les opérations de secours étaient dirigées par le commandant Gilbert Plantier, inspecteur départemental des services d’incendie. Les pompiers bénévoles de Saint-Égrève sur les lieux en un temps record, étaient dirigés par le lieutenant Besançon et l’adjudant Crespet ; ceux de Grenoble, par le lieutenant de Cavelle. Les gendarmes de La Tronche, appuyés par des gendarmes mobiles, étaient commandés par l’adjudant Oddou. Au cours de la nuit, d’autres personnalités arrivèrent : M. Orthlieb, directeur départemental de la Protection Civile, Maître Balestas, maire de St.Egrève, M.Pellegrino, directeur départemental, M.Gagnepain, inspecteur des PTT, le capitaine Gardet, inspecteur départemental adjoint des services d’incendie, le capitaine Chaume, chef de corps des Pompiers de Grenoble, le capitaine Garat, commandant la Cie de gendarmerie de Grenoble, ainsi que MM. Lapeyrère, procureur de la République, Le Gouic, substitut doyen, et Viossat, juge d’instruction.
Photos Le Dauphiné Libéré du 27 janvier 1968
Plusieurs personnes laissent à penser que le receveur, M. Robert Pelletier (45 ans), et son épouse, se trouveraient sous les décombres. Ils devaient certainement être en train de regarder la télévision car leur lit est retrouvé vide, juché sur l’amoncellement de blocs et gravats. Jocelyne, leur fille âgée de 23 ans, étudiante en sciences et logeant en chambre d’étudiant, arriva plus tard dans la soirée. Jean, 21 ans, interne dans un lycée sur le plateau de Thorens, et Yves, étudiant à Lyon, ne sont heureusement pas là.
Vers 22h30, une seconde explosion se produisit. Il y eut quelques blessés, certains brûlés au visage. Cela eut pour effet de « souffler » la flamme, et le gaz fut aussitôt couper par GDF. Alors, les lances sont alimentées par les pompiers pour circonscrire l’incendie. On s’emploie à déblayer les gravas à la lumière des projecteurs. Vers une heure du matin, les corps ne sont toujours pas retrouvés. On met en œuvre cinq engins de terrassement (pelles mécaniques et bulldozers) appartenant aux entreprises Escole et Ferrari. Le dispositif de secours sera d’une ampleur extraordinaire. A 2h30, les corps ne sont toujours pas retrouvés, ils ne le seront que bien plus tard. Monsieur Pelletier sera retrouvé au niveau de la cave.
C'est une fuite de gaz qui avait déclenché cette explosion. D'ailleurs, plusieurs habitants rapportent qu'à cette époque, lorsque l'on s'approchait de la Poste, cela sentait toujours le gaz. Celui-ci s'est accumulé en faisant une poche de gaz. La conduite passait dans le sol, sur le côté de la nationale. Le gaz s'est certainement stocké dans la cave, et lorsque Monsieur Pelletier est descendu à la cave, et appuya sur le bouton pour allumer la lampe, une étincelle déclencha l'explosion.
La Mairie, pour remplacer le bureau de Poste, et en attendant que l'on en construise un nouveau, mettra à la disposition de cette administration une salle de classe, située dans le bâtiment de l'école du Pont-de-Vence, là où l'on trouve actuellement les services financiers de la Banque Postale.
La troisième Poste sera inaugurée le 9 juin 1970. Monsieur Pierre Egal (décédé en 1980) est alors un architecte bien connu sur la place de Grenoble. Il a à son actif de très nombreuses réalisations dont la Poste et la gendarmerie de Saint-Égrève, et à Grenoble : le centre social de l'Abbaye, le siège de la Matmut, à Saint Martin d'Hères : la Maison de Promotion sociale et le Centre technique du papier, et les salles de réunion à Jarrie et à Saint Pierre de Mésage,.. etc. Mais cette nouvelle Poste, c'est encore une autre histoire jusqu'à sa destruction en 2006.
(à suivre).
L’histoire de la Poste à Saint-Égrève (3ème partie)
La troisième Poste
La troisième Poste sera inaugurée le 9 juin 1970. Monsieur Pierre Egal (décédé en 1980) est alors un architecte bien connu sur la place de Grenoble. Il a à son actif de très nombreuses réalisations dont la Poste et la gendarmerie de Saint-Égrève, et à Grenoble : le centre social de l'Abbaye, le siège de la Matmut, à Saint Martin d'Hères : la Maison de Promotion sociale et le Centre technique du papier, et les salles de réunion à Jarrie et à Saint Pierre de Mésage,.. etc.
En même temps que les plans s'élaborent, on recherche un terrain pour accueillir la nouvelle Poste. A cette époque, Monsieur Féfé Rolland est l'adjoint aux travaux de Maître Balestas, maire de la Ville de Saint-Égrève. Il trouve que le terrain de la Poste qui a explosé bien trop petit. Il rencontre la famille du Bourget qui est d'accord pour vendre un terrain plus vaste. On pourrait y construire une nouvelle Poste, mais aussi, plus tard, en 1971, un centrale téléphonique, une salle des fête et des parkings. En fait, ce qu'il proposait là s'est finalement réalisé, mais d'une autre manière. La propriété du Bourget a finalement été acheté. Aujourd'hui, on y trouve la Vence Scène et les parkings attenants.
Pour La Poste, c'est finalement le terrain des Ciment Vicat qui a été retenu. D'un côté, on trouve les terrains du Département (ceux de l'hôpital), et de l’autre côté, on trouve la route nationale. Le bureau de Poste est surélevé avec des places de parking et des garages en dessous, avec de nombreuses baies vitrées. Le central téléphonique qui jouxte le bureau de Poste sera construit en 1971, et sera beaucoup plus important que celui du Pont-de-Vence (qui, d’ailleurs, avait échappé à l’explosion et ne sera démoli que plus tard). Le terrain est très en contrebas de la route. De ce fait, il a été nécessaire de construire un grand escalier qui fera beaucoup parler de lui par la suite parce que non utilisable par les handicapés en chaise roulante et par les mamans avec une poussette, et certaines personnes âgées. Une plateforme élévatrice sera bien installée mais comme celle-ci tombera souvent en panne elle sera démontée. Au premier étage, on y trouvera non seulement les guichets, mais aussi, à l’arrière, les casiers de tri des facteurs dont le nombre passera ; au fil des années, de 4 à 18, ainsi que plusieurs bureaux. Il y a également un ascenseur qui permet de faire monter les chariots de courriers et de paquets. Sur le côté, un escalier mène aux boites postales, autorisant leur possesseur (principalement des entreprises) de venir chercher le courrier dès 8h00. Au-dessus de cet étage, se trouve l’appartement du receveur : plusieurs pièces, salle de bain et cuisine, ainsi qu’une terrasse. L’entrée de cet appartement se trouve à l’arrière du bâtiment, avec une porte qui donne sur la grande salle de tri des facteurs. D’ailleurs, il n’était pas rare de sentir dans la salle de tri des odeurs de cuisine ou de gâteaux confectionnés par la femme du receveur.
Un bureau de Poste inadapté
Il était devenu évident de faire soit des travaux de grandes ampleurs, soit de complètement démolir ce bureau de Poste pour en reconstruire un autre pour plusieurs raisons. D’abord, les immenses baies vitrées étaient une source d’échange thermiques trop importants : en hiver, le froid était parfois insupportable dans la salle de tri, et en été, la chaleur y était souvent étouffante. L’escalier était, comme on l’a vu, non praticable par les personnes en mobilité réduite, les mamans avec leur poussette, et les personnes âgées… et puis surtout, la place manquait terriblement dans la salle de tri pour 18 facteurs.
Le 7 septembre 2006, le bureau de Poste fit la Une lors du Conseil Municipal. Les élus durent en effet examiner le permis de démolir de l’édifice, ainsi que le permis de construire d’un nouveau bâtiment au même endroit, accueillant un bureau de Poste tout neuf, des logements et des commerces. D’un autre côté, Mme Véronique Porret-Egal soulève une polémique concernant la destruction du bâtiment. Elle dit représenter des architectes et des historiens. Une association s’est d’ailleurs constituée pour défendre l’œuvre de son père…
Mais, le bureau de Poste est vite entouré de barrières métalliques, et après un déménagement sur trois jours, un bureau de Poste ouvre ses portes, au 4 avenue du Général de Gaulle, dans un bâtiment jouxtant la nouvelle Maison de l’Emploi et de l’Entreprise du Néron (MEEN). Les facteurs, quant à eux, ont intégré un nouveau centre de tri, situé sur l’espace Gavanière, face à l’ancienne Thomson. D’ailleurs, les 6 facteurs du bureau de Poste de Saint Martin-le-Vinoux les rejoindront dans la foulée et ce bureau de Poste sera également détruit.
Pour plus d’information : http://pierreegal.free.fr
Le déménagement de La Poste, des anciens bureaux qui étaient situés au 2 rue de la Contamine, vers le 4 avenue du Général de Gaulle, s’est bien passé. La nouvelle agence n’est cependant pas encore tout à fait fonctionnelle : certains branchements électriques et électroniques ne sont pas terminés.
Ainsi, ce jeudi 7 septembre 2006, il n’était toujours pas possible d’effectuer la plupart des opérations telles que les retraits ou dépôts d’argent, la pesée et le timbrage (ordinaires ou recommandés)… Le DAB, non plus n’était pas opérationnel. Et pour le timbrage, il était nécessaire d’avoir l’appoint. Les employées espèrent que la Poste fonctionnera comme avant, dès ce matin, ou dans l’après-midi.